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Le Luxembourg est sur la voie de l’élimination de l’hépatite C

29 octobre 2024 6minutes

Carole Seguin-Devaux, du Département Infection et Immunité (DII) du LIH, en tant que Présidente du Comité national de surveillance du SIDA, des hépatites et des maladies sexuellement transmissibles, soutient la surveillance du VIH et de l’hépatite afin d’éliminer ces maladies au Luxembourg. Les résultats d’une étude évaluant l’impact d’un programme complet pour la continuité des services liés à l’hépatite C (VHC) sur la sérologie et l’ARN du VHC de 2010 à 2021 ont été présentés oralement lors de la conférence Fast-Track Cities 2024, le 14 octobre à Paris.

Les données ont montré que fournir un traitement contre le VHC à la fois en prison et en dehors, auprès des consommateurs de drogues, combiné à une surveillance continue et à des services de prévention, constitue une approche efficace pour réduire l’infection par le VHC au Luxembourg.


L’initiative Fast-Track Cities est un partenariat mondial entre des villes et des municipalités du monde entier et quatre partenaires principaux : l’International Association of Providers of AIDS Care (IAPAC), le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) et la ville de Paris. Les maires et autres représentants municipaux désignent leurs villes comme Fast-Track Cities en signant la Déclaration de Paris sur les Fast-Track Cities, qui expose un ensemble d’engagements visant à atteindre zéro nouvelle infection par le VIH et zéro décès lié au SIDA, ainsi que les objectifs d’élimination du VHC définis par l’OMS.

La ville de Luxembourg fait partie du réseau des Fast-Track Cities depuis 2021, et a été sélectionnée dans ce partenariat mondial pour son expertise dans les services de réduction des risques afin de prévenir la transmission des virus transmissibles par le sang. La conférence Fast-Track Cities 2024 était la cinquième rencontre en personne du réseau des Fast-Track Cities. Plus de 600 délégués ont assisté à la conférence, qui s’est tenue du 13 au 15 octobre 2024 à Paris.

L’étude présentée lors de la conférence a été réalisée par le Dr Pierre Braquet, coordinateur du programme d’action national contre les hépatites au Service national des maladies infectieuses du CHL, et le Dr Carole Seguin-Devaux avec le soutien du service des maladies infectieuses de la prison de Schrassig et des services de réduction des risques et de traitement de la toxicomanie au Luxembourg. Les résultats ont été présentés par le Dr Yolanda Alfonso Pires, coordinatrice du programme d’action national contre le VIH à la Direction de la Santé.

Un programme complet a été mis en place au Luxembourg pour lutter contre les virus transmissibles par le sang chez les personnes incarcérées et les usagers de drogues, par le biais d’interventions communautaires. Les antiviraux à action directe sont fournis par les services de santé dans les prisons depuis 2013 et dans les centres de réduction des risques pour les usagers de drogues depuis 2015. L’étude a été réalisée par le Service national des maladies infectieuses qui a évalué l’impact de la continuité des services du VHC sur la sérologie et l’ARN du VHC lors de l’entrée en prison de 2010 à 2021. 9142 dépistages de maladies infectieuses ont été analysés parmi 6572 personnes incarcérées entre 2010 et 2021. Alors que la tendance de la prévalence de l’hépatite A (26 %), de l’AgHBs (3 %), du VIH (2 %), du Quantiféron Tb (27 %) et de la syphilis active (<1 %) reste stable de 2010 à 2021, la sérologie du VHC et l’ARN du VHC ont diminué de manière significative, passant respectivement de 19 % à 10 % (p<0,001), et de 11 % à 3 % (p<0,001), lors du dépistage d’entrée.

Une diminution de la sérologie du VHC et de l’ARN du VHC a également été observée au Service national des maladies infectieuses du CHL depuis 2015 et parmi les usagers de drogues au cours de l’étude HCV-UD menée auprès des usagers de drogues entre 2015 et 2020. Les données pourraient ainsi s’expliquer par la mise en place d’un programme complet en prison et en dehors pour tester et traiter les maladies infectieuses parmi les usagers de drogues. Depuis 2015, des tests sur les sites et un lien vers les soins sont proposés par le Service national des maladies infectieuses dans deux salles de consommation de drogues et trois sites de réduction des risques offrant des traitements de substitution aux opioïdes. De plus, un programme d’échange de seringues, des services de tatouage sécurisé, des suivis annuels, la fourniture gratuite de préservatifs et les vaccinations contre l’hépatite A et B ont contribué à réduire la propagation des maladies infectieuses parmi la population incarcérée.

Fournir un traitement contre le VHC en prison et en dehors, combiné à une surveillance continue et à des services de prévention, sont des approches efficaces pour réduire l’infection par le VHC au Luxembourg. L’ARN du VHC chez les usagers de drogues est un bon indicateur pour vérifier l’élimination du VHC et sa forte diminution de prévalence démontre que le Luxembourg est bien engagé sur la voie de l’élimination du VHC. Il est désormais nécessaire de renforcer ces services pour les personnes après leur libération de prison afin de progresser vers l’élimination du VHC d’ici 2030. Les objectifs mondiaux d’élimination de l’hépatite sont : une réduction de 90 % des nouveaux cas d’infections chroniques par le virus de l’hépatite B et C d’ici 2020, et une réduction de 65 % des décès dus à l’hépatite virale B et C d’ici 2030.

Le groupe de recherche sur L’Infection et L’Immunothérapie, dirigé par le Dr Carole Seguin-Devaux, se concentre sur la micro-élimination du VHC parmi les usagers de drogues, qui sont la principale population affectée par la maladie. Elle est experte des maladies infectieuses liées à la drogue pour l’EUDA et l’ECDC, et Présidente du Comité national de surveillance du SIDA, des hépatites et des maladies sexuellement transmissibles depuis 2017. Le programme proposé en prison au Luxembourg a été sélectionné comme une bonne pratique par l’OMS dans le compendium des bonnes pratiques dans la réponse du secteur de la santé au VIH et à l’hépatite en 2020. Le programme de proximité HCV-UD dans les services de réduction des risques a été sélectionné comme bonne pratique par l’Agence européenne des drogues dans le rapport Hépatite C : modèles de soins pour les services liés à la drogue en Europe en 2019.

Control and prevention of infectious diseases in prison and among drug users: the path to HCV elimination in Luxembourg. P. Braquet, P. Hoffmann, D Célet, J. Meyers, V. Klein, F. Mathy, P. Poos, Y Pires-Afonso, T. Staub, V. Arendt, C. Seguin-Devaux

Scientific Contact

  • Carole
    Devaux
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